lundi 23 septembre 2013

Appel à contribution : Quelle place pour les jeunes ? L’accès à l’emploi dans les Suds



Quelle place pour les jeunes ? L’accès à l’emploi dans les Suds
Florence BOYER (géographe, IRD UMR 205 URMIS), Charlotte GUÉNARD (économiste, Université Paris 1- IEDES/ UMR 201 Développement et Sociétés)

La transition démographique décalée des différents continents met les jeunes aujourd’hui face à des situations et des opportunités d’emploi très différenciées. En Afrique sub-saharienne ainsi que dans les pays arabes qui ont débuté leur transition démographique plus tôt, les jeunes qui arrivent massivement sur le marché du travail sont au cœur des enjeux démographiques et sociaux qui se posent à l’heure actuelle : chômage, précarité face à l’emploi, secteur informel urbain saturé, tensions générationnelles, désirs d’autonomie contraints. Les exemples des « révolutions arabes » ont mis en exergue les aspirations des jeunes de plus en plus qualifiés sans emploi ou occupant des emplois qui ne correspondent pas à leurs compétences. Dans les pays « émergents », en Amérique latine ou en Asie, les jeunes vont avoir à supporter la charge d’inactifs de plus en plus nombreux : alors que du fait de l’absence de systèmes de retraites généralisés, les cessations d’activité peuvent être tardives en fin de cycle de vie, mettant en concurrence les générations entre elles pour l’accès à l’emploi, les plus âgés restent à la charge de leurs descendants.

En Afrique sub-saharienne, au côté des exploitations agricoles encore largement familiales, une diversification des activités rurales est à l’œuvre à laquelle les jeunes générations contribuent dans des conditions encore mal connues. Malgré la forte croissance des villes qui continuent à attirer les populations et les activités, les jeunes sub-sahariens restent encore massivement des ruraux. La répartition du peuplement et celle des activités sont plus concentrées en villes en Amérique latine où les jeunes sont des urbains pour l’essentiel. En Asie, la situation est intermédiaire du fait d’une sous-urbanisation relative : l’activité et les emplois se trouvent encore massivement en zones rurales mais l’urbanisation progressant, les urbains devraient y être majoritaires d’ici 2030. D’un continent à l’autre et d’un milieu à l’autre, les jeunes font face à des opportunités inégales, conséquence à la fois de l’évolution des marchés de l’emploi – importante baisse des recrutements dans la fonction publique par exemple – mais également des différentiels de formation.

Face à des difficultés pour mettre à profit leurs compétences, les jeunes ont du mal à construire leur avenir autour de moments-clefs : fin de leur scolarité, entrée dans la vie professionnelle, décohabitation et/ou migration, entrée en union et constitution d’une famille. L’entrée dans l’âge actif n’est souvent pas indépendante de la sphère familiale, au sein de laquelle s’effectuent des arbitrages collectifs en matière de choix d’activité, de diversification des revenus… Le pouvoir économique est aussi plus ou moins largement détenu par les générations antérieures, qui peuvent peser fortement sur les choix et les projets de vie active des jeunes, alors que ces derniers aspirent à une meilleure insertion professionnelle que leurs aînés, justifiée par leur meilleur niveau de formation.

Par le passé, les sciences sociales se sont intéressées aux jeunes dans l’espace public, s’orientant plus récemment vers une réflexion sur des catégories spécifiques de travailleurs : les femmes, les employés de maison, les petits commerçants du secteur informel. L’objectif de ce numéro est d’analyser en profondeur l’emploi des jeunes dans les sociétés du Sud à la fois en termes d’accès et de conditions de travail, et de mettre en évidence les nombreuses contraintes auxquelles ils font face.

Différents axes thématiques pourraient être abordés dans ce numéro de manière indépendante ou en lien les uns aux autres. Ces thèmes n’entendent pas exclure d’autres entrées possibles.

-       Insertion dans l’emploi : dans quelles conditions et dans quels contextes les jeunes entrent-ils dans la vie professionnelle ? Cela suppose-t-il une migration interne, une mobilité entre milieux urbain et rural, voire une migration internationale, pour la recherche d’un premier emploi ou d’une diversification de leur activité ? Mobilisent-ils leurs réseaux personnels ou familiaux pour leur insertion professionnelle ? L’accès à un premier emploi, même précaire, constitue-t-il une étape vers de nouvelles opportunités dans un parcours professionnel et migratoire ? Bénéficient-ils de politiques publiques incitatives ou d’aides à l’insertion dans l’emploi ? Sont-ils victimes de discriminations ?

-       Conditions de travail et rémunérations: dans quelles conditions matérielles les jeunes exercent-ils leur travail ? Quels sont leurs niveaux de rémunérations ? Sont-ils plus particulièrement présents dans certains secteurs ? Dans quel type d’emplois (formels ou informels) trouvent-ils à s’employer ? Existe-t-il des différences importantes de conditions de travail et de rémunération selon leur sexe ? Les jeunes femmes sont-elles cantonnées dans des emplois précaires en raison de leur niveau éducatif ou d’arbitrages effectués au sein des entreprises, de la sphère familiale, ou encore d’un positionnement personnel temporaire sur le marché du travail ?

-       Autonomie des jeunes, rapports intergénérationnels : Quelles sont les aspirations des jeunes en matière d’emploi ? Qui prend la décision de leur recherche d’emploi et sont-ils maîtres de leur orientation professionnelle ? Comment les savoirs-faire sont-ils hérités et négociés d’une génération à l’autre ? Quels sont les canaux majeurs (famille, apprentissage, réseaux sociaux) de transmission des expériences et du savoir-faire ? Les jeunes souhaitent-ils bénéficier d’un héritage transmissible, ou bien veulent-ils s’en affranchir pour plus d’autonomie de décision ?

-       Mobilité sociale et professionnelle : par rapport à leurs aînés, les jeunes occupent-ils de « meilleurs emplois » au début de leur activité professionnelle  au même âge? Quelle est leur perception de leur mobilité professionnelle à venir ? Leurs modèles de réussite diffèrent-ils de ceux de leurs aînés ? Connaissent-ils plutôt une mobilité ascendante ou descendante par rapport aux générations antérieures ? Quelle peut être l’insertion professionnelle des jeunes diplômés à l’international à leur retour dans leur pays d’origine ?

Les contributions des disciplines suivantes sont particulièrement attendues : anthropologie, démographie, économie, géographie, histoire, sciences politiques, sociologie.


Les intentions de contributions (titre et résumé ne dépassant pas 1000 signes)
doivent être adressées à la revue Autrepart
le 15 septembre 2013 au plus tard
Les articles sélectionnés devront être remis le 15 novembre 2013


Les notes de lecture sur le thème du numéro
doivent être adressées à la revue Autrepart avant le 15 décembre 2013


Revue Autrepart - 19 rue Jacob - 75 006 Paris
Merci d’envoyer vos messages à la revue à : autrepart@ird.fr avec copie à revue.autrepart@gmail.com

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